Cabinet médical de groupe : fonctionnement, avantages et création

Imaginez un environnement médical où vous n’êtes plus seul à affronter les contraintes administratives, les urgences imprévues ou la pression des consultations à la chaîne. Un lieu où la charge mentale est partagée, où les décisions sont prises en concertation, et où l’équilibre entre vie pro et perso devient enfin réaliste.
C’est précisément ce que permet le cabinet médical de groupe : un modèle d’exercice libéral qui séduit de plus en plus de professionnels de santé. Mais comment fonctionne-t-il ? Quels en sont les bénéfices ? Et surtout, comment le créer ? C’est ce que nous allons explorer pas à pas.
Qu’est-ce qu’un cabinet médical de groupe ?
Définition et principes de base
Un cabinet médical de groupe est une structure où plusieurs praticiens de santé exercent ensemble, tout en restant, le plus souvent, indépendants dans leur activité médicale. Cela ne signifie pas forcément travailler en équipe sur chaque patient, mais plutôt partager un même lieu, des ressources et une organisation pensée collectivement.
Différences avec un cabinet individuel
Travailler seul dans son propre cabinet offre une autonomie totale, mais cela implique également une charge complète de gestion : administratif, matériel, accueil, communication, etc. En revanche, dans un cabinet de groupe, ces responsabilités sont réparties, ce qui libère du temps et de l’énergie pour le cœur du métier : soigner.
Pourquoi exercer en cabinet de groupe ?
Les avantages humains et professionnels
Exercer en cabinet médical de groupe, c’est faire le choix d’un environnement professionnel plus humain et collaboratif. En partageant un même espace avec d’autres praticiens, on tisse des liens de solidarité et de confiance. Ces échanges quotidiens créent une véritable dynamique d’équipe, même si chacun conserve son indépendance.
Au-delà de l’aspect social, cette proximité permet aussi de bénéficier de regards croisés sur les cas complexes, d'organiser des réunions cliniques, ou de développer des projets de santé communs. C’est également un excellent moyen de prévenir l’épuisement professionnel, en s'appuyant sur la force du collectif.
L'autre bénéfice clé : la continuité des soins. Un patient peut être pris en charge rapidement par un autre professionnel du groupe en cas d'absence ou d'indisponibilité. Cela améliore la qualité du service rendu et renforce la fidélité des patients.

Les gains organisationnels et financiers
Du point de vue logistique, le cabinet de groupe offre des économies d’échelle substantielles. En mutualisant les frais fixes – loyer, matériel médical, consommables, outils numériques, personnel d’accueil – chaque médecin réduit considérablement ses charges.
Les investissements peuvent être plus ambitieux, car répartis entre plusieurs professionnels. Cela permet d’accéder à des équipements de meilleure qualité, d’optimiser l’environnement de travail, ou de bénéficier de services spécialisés (comptabilité, gestion RH, communication). Résultat : plus de confort au quotidien, moins de tracas administratifs.
L’organisation des plannings est également facilitée. En se répartissant les créneaux de consultation ou les astreintes, les praticiens peuvent mieux gérer leur emploi du temps et intégrer plus facilement des temps de formation, de repos ou de projets personnels.
Étapes pour créer un cabinet médical de groupe
Construire un projet médical commun
Tout commence par une vision partagée. Avant même de parler de murs, de statuts ou de matériel, il faut définir le projet médical commun. Quels types de soins seront proposés ? Quelle population sera ciblée ? Quels professionnels seront impliqués (généralistes, spécialistes, paramédicaux) ? Quelles sont les valeurs du futur cabinet ?
Ce travail collaboratif permet d’aligner les intentions et les pratiques, d’éviter les malentendus futurs, et de poser les fondations d’un exercice collectif fluide. Il peut être formalisé dans une charte de fonctionnement ou un pré-projet, qui servira ensuite de base à toutes les décisions structurelles.
C’est aussi à ce stade que l’on détermine les besoins en personnel, en horaires, en outils numériques, etc. Plus ce travail est précis, plus le projet sera clair et motivant pour les membres… et rassurant pour les financeurs ou partenaires.

Choisir son modèle juridique (SEL, SCM, etc.)
Le choix de la structure juridique est une étape déterminante. Il ne s’agit pas d’un simple détail administratif, mais d’un véritable cadre de fonctionnement, de responsabilité et de répartition financière.
Parmi les options les plus répandues :
- SCM (Société Civile de Moyens) : permet de partager les charges (loyer, personnel, matériel) sans mettre en commun les revenus. Chacun reste indépendant.
- SCP (Société Civile Professionnelle) : les praticiens exercent ensemble, en mettant en commun leurs recettes. Plus engageant.
- SEL (Société d’Exercice Libéral) : forme commerciale adaptée aux professions médicales, souvent utilisée pour structurer des cabinets plus développés.
Chaque modèle a ses avantages fiscaux, sociaux et pratiques, mais aussi ses contraintes. Il est donc crucial de se faire accompagner par un expert-comptable et un avocat spécialisés dans la santé pour choisir la solution la plus adaptée aux besoins du groupe.
Enfin, il est recommandé d’établir un pacte d’associés clair, pour anticiper les départs, les entrées, les prises de décision, ou les investissements. Une bonne gouvernance se construit dès le début.

Trouver le bon local et l’aménager
Le choix du local est un enjeu stratégique. Il conditionne l’image du cabinet, le confort de travail, et surtout l’accessibilité pour les patients. Il doit être situé dans une zone pertinente par rapport au projet médical (besoins de santé locaux, densité de population, présence d’autres structures) et offrir suffisamment de surface pour accueillir l’ensemble de l’équipe.
Au-delà de l’espace, l’aménagement doit répondre à des normes strictes : accessibilité PMR, sécurité, confidentialité, ergonomie… Il est conseillé de faire appel à un architecte spécialisé pour concevoir un lieu fonctionnel, fluide et agréable pour les patients comme pour les professionnels.
Enfin, anticiper les évolutions futures est une bonne pratique : modularité des espaces, réserve pour du matériel supplémentaire, ou possibilité d’intégrer de nouveaux praticiens à terme.
S’équiper et mutualiser les ressources
Un cabinet de groupe, c’est aussi l’occasion de rationaliser les équipements. Plutôt que chacun achète son propre matériel, il est souvent plus pertinent d’investir collectivement dans des équipements partagés : matériel médical, mobilier, imprimantes, logiciels de gestion, etc.
Cette mutualisation permet d’économiser sur les coûts, mais aussi d’accéder à des outils plus performants qu’en solo. C’est aussi une source de simplification : contrats groupés pour la maintenance, les fournitures ou les services numériques.
En parallèle, il faut réfléchir à la répartition de l’usage, aux règles de réservation ou de gestion des stocks. Une bonne organisation dès le départ évite les tensions et garantit un usage fluide au quotidien.
Gestion administrative et RH
Qui dit cabinet en groupe dit aussi gestion administrative partagée. Cela inclut l’accueil des patients, la facturation, le suivi des dossiers, mais aussi la gestion du personnel (secrétaire, assistant médical, etc.).
Plusieurs options s’offrent aux médecins : recruter un(e) secrétaire salarié(e) en commun, faire appel à un prestataire externe, ou utiliser des outils numériques centralisés pour automatiser certaines tâches.
L’objectif est double : optimiser le temps médical en déchargeant les praticiens de l’administratif, tout en offrant un accueil fluide et professionnel aux patients. Il faudra également penser à la répartition des coûts salariaux, à l’encadrement juridique du personnel, et à la gestion des absences.
Une organisation bien huilée ici fait toute la différence dans la satisfaction des praticiens comme des patients.
Critères | Cabinet individuel | Cabinet médical de groupe |
Autonomie | Totale | Partagée |
Charges | À la charge du praticien | Mutualisées |
Isolement professionnel | Oui | Non |
Continuité des soins | Limitée | Renforcée |
Temps de gestion admin | Élevé | Réparti |
Possibilités de développement | Limitées | Élargies (pluridisciplinarité) |